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UNIVERSITÉ MONTPELLIER III – PAUL VALÉRY

Arts et Lettres, Langues et Sciences Humaines et Sociales

 

Les entretiens en médiation familiale

La reformulation

Par

Lucie SEGALA
L3 AES DS
2009-2010

Sous la Direction de
Madame Anne - Lise Favier , chargée de cours, Université Montpellier 3 (Ethnologie de la santé)

Introduction

I) La communication comme enjeux indéniable de la médiation familiale

A) La communication

1) La parole

2) L’écoute

B) …et toute sa complexité

1) Une parole singulière

2) Une écoute singulière

II) La reformulation comme outil notable de la médiation familiale

A) La reformulation comme écoute compréhensive

1) Une écoute active mettant à l’écart l’interprétation subjective

2) Les différentes manières de parler l’écoute et leurs effets

B) Les limites de la reformulation

1) Une sélection inévitable mais vérifiable

2) Une technicité dangereuse, à pallier

Conclusion

***

Introduction

L’Association Parents-Enfants-Médiation est une association qui, créée en 1989 à Montpellier dans la mouvance de l’Association S.O.S Enfants du divorce, est animée par le Centre Parents-Enfants-Médiation au cœur duquel est assurée la pratique de la médiation familiale.

C’est au sein de ce Centre, qui assure les entretiens en médiation familiale, que j’ai effectué mon stage en tant que co-écoutante. Les entretiens mis en œuvre au sein du Centre P.E.M sont plus exactement des entretiens de face à face avec une personne en situation de crise qui contiennent des approches tant analytiques que de type systémique. La personne expose son Histoire, ses difficultés, incompréhensions, peurs, craintes, doutes, sentiment, etc., et l’écoutant se base sur les apports de la psychologie et des techniques de communication à sa portée pour établir un climat de confiance, un moyen d’aider la personne à se revaloriser et à reconsidérer son Histoire, en faire le résumé accessible à tous les intervenants mis en jeu pour résoudre les problématiques s’exprimant sur toutes les questions relatives aux enfants.Ce ne sont pas en effet les problématiques des adultes qui sont prioritaires mais elles sont longuement écoutées pour dégager ce qu’il apparaît utile et bénéfique de clarifier pour sortir des impasses dans lesquelles se trouvent très souvent les enfants de parents séparés.

Lors du premier semestre je me suis positionnée, au sein de la structure, en tant qu’observateur. J’ai pu alors déceler que pour répondre à la problématique qui guidait mon observation, cet outil avait interpelé mon interprétation des choses. Singularité de la vision des choses qui est d’autant plus mise en exergue par la présence d’une équipe qui, prégnante au sein du Centre, souligne les différences de visions, ressentis et interprétations des situations -par rapport à notre parcours personnel et professionnel-.

Ainsi, est par là même soulignée la nécessité d’interroger et analyser les différents dires et signaux. Cela s’appelle alors une écoute active, mission donnée à tout membre de l’équipe au sein du Centre P.E.M et qui œuvre à tenter de comprendre la situation et les perceptions qu’en a le sujet, tenter de mieux connaître sa personnalité et ainsi tenter de déceler la ou les sources éventuelles du conflit ou de la mésentente ; désamorcer celui-ci.

Cette écoute active qui est maîtresse dans les entretiens en médiation familiale qui ont lieu au sein du Centre P.E.M et que je vais donc m’attacher à mettre en œuvre dans ce cadre, comporte divers outils tendant à la compréhension de l’Autre.

Mais se pose la question de savoir comment nous pouvons être sûrs de bien comprendre quelqu’un. Un outil méthodologique peut-il réellement permettre cela ?
L’hypothèse serait que l’outil qui est la reformulation nous permette d’être au plus proche de l’Autre, dans la compréhension de sa situation telle qu’il l’a perçoit.

I) La communication comme enjeu indéniable de la médiation familiale

La médiation familiale nécessite et suscite la communication. En effet, cette pratique consiste à faciliter la communication au sein d’un groupe familial et leur apporter aide et soutien. Aussi, tout passe par là. Or, la communication qui allie parole et écoute (A) n’est pas sans complexité (B).

A) La communication…

La communication représente une alliance entre la parole (1) et l’écoute (2)

1) La parole

Comme nous avons pu le voir, la parole des usagers, qui sont acteurs dans la médiation familiale, est centrale ; tout découle d’elle.
Par le terme « parole » nous entendons souvent en premier lieu la prononciation de mots et considérons donc sa dimension vocale et verbale. En témoignent les expressions telles que « prendre la parole », « couper la parole »…etc.

Plus précisément, la parole représente le langage articulé symbolique de l’humain . La notion de langage qui appelle celle de signes linguistiques étend cette faculté, qui est propre à l’Homme, d’exprimer ou de communiquer sa pensée, à la dimension graphique (et non seulement vocale).

Mais, bien plus, j’ai pu observer, lors des divers entretiens, que la parole réside certes dans les mots (parlés, écrits) mais transparaît aussi dans nombreux autres signaux tels intonations, silences, gestes, regards, posture…etc. ; la dimension non-verbale et para-verbale. Par exemple, lors d’un entretien avec une maman, sa position recroquevillée tout en parlant de son ex-conjoint, observée et interrogée par le médiateur du Centre P.E.M, a pu révéler une peur de la brutalité dudit ex conjoint. Aussi, dans ce sens, les travaux de Freud dans son ouvrage Esquisse d’une psychologie scientifique, de Spitz dans son ouvrage "Le non et le oui" : la genèse de la communication humaine ou encore de Deutsch qui étudie la signification des modifications posturales au cours du traitement psychanalytique. Egalement dans ce sens les travaux de James définissant les quatre postures fondamentales liées à une attitude spécifique et ceux de Wallon qui considérait d’ailleurs la posture comme le vecteur primordial de la fonction d’expression.

2) L’écoute

P. Breton précise que le seul objectif que poursuit la parole est celui d’être partagée. Aussi, dans le système de communication, la parole du locuteur requiert l’écoute de l’interlocuteur.

D’autant plus, le processus de médiation, l’aide et le soutien ne peuvent être pensés sans l’écoute. Elle représente la mission du médiateur et des membres de son équipe. Elle est l’élément indispensable pour recevoir la parole de l’usager, en tant qu’énoncé résultant de la combinaison de tous les éléments du champs situationnel –verbaux (le langage), acoustique (l’intonation de la voix), physique (l’organisation de l’espace), visuels (les gestes et les mimiques), voire olfactifs- et qui est centrale. Ainsi, elle permet de tenter de comprendre la situation et les perceptions qu’il en a afin de pouvoir l’aider.

B) …et toute sa complexité

La complexité de la communication tient en ce que la parole et l’écoute sont singulières.

1) Une parole singulière

Représentant à la fois la raison d’être et l’effet de la société, Aristote souligne le caractère conventionnel du langage . Langage qui en réfère à la langue qui représente un ensemble de codes établis en commun.
Toutefois, nous avons tous une manière singulière d’user de cet outil conventionnel à travers la parole.
Parole qui serait, selon P. Breton, l’expression du monde intérieur de chacun dans sa singularité .

Dans ce sens, P. Bourdieu et R. Mucchielli soulignent que la parole est intimement liée à la culture, à l’éducation et au vécu de la personne. De sorte qu’un même terme -identifié conventionnellement- peut renvoyer à des représentations personnelles et résonner ainsi différemment en chacun.

A ce titre, un usager a, lors d’un entretien au sein du Centre P.E.M, parlé de violences comme s’il s’agissait de banalités. Cela m’a alors fortement interpelée. En approfondissant, nous avons pu déceler qu’il était familiarisé aux violences depuis son enfance ; ainsi, cela résonnait en lui différemment qu’en nous.

De même, s’agissant de la dimension non-verbale, s’il existe des codes universels, leur mise en œuvre demeure singulière ; marquée par la culture, l’éducation, le milieu social et autres de la personne. Ainsi, comme le souligne Klineberg , l’appréhension de la dimension non-verbale est toute aussi importante que celle de la dimension verbale car tout autant révélatrice des pensées, émotions et représentations de l’usager.
Ces divers codes apparaissent lors des entretiens. Mais comment sont-ils alors appréhendés ?

2) Une écoute singulière

Comme le souligne R. Mucchielli si la personne qui parle use d’un certains nombre de codes qui lui sont propres car liés à tout son univers personnel et singulier, la personne qui reçoit cette parole a elle aussi ses propres codes liés à sa culture, son éducation et son vécu. Ainsi, l’interlocuteur écoute sous le joug de ses propres références. Ainsi, la parole de l’usager, lue via une grille singulière du récepteur, fait l’objet d’une interprétation tout aussi subjective.

Et, au-delà, l’écoute qui revêt diverses formes et degrés, demeure sélective. A ce titre, j’ai pu remarquer, lors de mon stage, au cours de débriefings d’entretiens, que les membres de l’équipe de P.E.M, dont je fais partie, ne relèvent pas, ne mettent pas en avant les mêmes choses.

En effet, comme j’ai pu le souligner la présence d’une équipe met en exergue les différentes sélections et leurs interprétations. Elles-mêmes qui me font m’interroger sur la question de savoir comment être sûr de bien comprendre les usagers. En effet, comme nous avons pu le mettre en avant, l'une des grandes difficultés de la communication réside dans la compréhension. « Il est vrai que si nous songeons à tout ce qu'implique la transmission de notre message, nous ne sommes plus surpris que notre interlocuteur ne puisse pas le comprendre.

En effet, les spécialistes de la communication affirment que lorsque nous parlons à quelqu'un, nos paroles peuvent véhiculer six messages différents: ce que nous voulons dire, ce que nous avons dit en réalité, ce que l'autre à compris, ce que l'autre pense avoir compris, ce que l'autre répète des paroles entendues, ce que nous saisissons des paroles répétées par l'autre » . Les outils professionnels permettent-ils alors de pallier à ce phénomène et d’offrir à l’usager une réelle compréhension de sa parole ? Sans étudier la multitude des outils professionnels qui œuvrent dans ce sens, je vais analyser, lors des entretiens se déroulant au sein du Centre P.E.M, celui qui m’a le plus interpelé et fasciné lors de mon stage: la reformulation.

II) La reformulation comme outil notable de la médiation familiale

La reformulation est un outil permettant une écoute compréhensive, bénéfique pour tout un chacun (A), bien qu’elle ne demeure pas sans limites (B).

A) La reformulation comme écoute compréhensive

La reformulation qui nécessite une écoute active (1), peut s’opérer de différentes manières (2).

1) Une écoute active mettant à l’écart l’interprétation subjective

On a tendance à considérer l'écoute comme la partie passive de la communication. C'est faux. Ecouter c'est mobiliser toute son attention vers le locuteur d'une manière active, pour bien saisir ce qu'il dit et veut dire. Ainsi, un bon écoutant en médiation ne se contente pas de faire acte de présence, il fait intervenir sa volonté et fixe résolument son attention sur les propos de l’usager ; son esprit est actif . En témoignent les différents outils que va mettre en œuvre l’écoutant en médiation afin de comprendre au mieux l’usager.

Rappelons que la déontologie de la médiation familiale requiert la neutralité du médiateur familial, écoutant. Ainsi, celui-ci ne doit pas nier sa subjectivité, ses références singulières mais au contraire, il doit prendre conscience de celles-ci afin de pouvoir mieux les mettre à distance. En effet, pour qu’il y ait un « soi », il faut qu’il y ait un « autre » et la mise à distance de sa subjectivité va permettre d’aller à la rencontre de cet « autre » qui est en soi et ainsi donc permettre un changement de représentations nous guidant au plus proche de l’usager. Nous noterons que cette neutralité est un cheminement ; un travail, une recherche constants. En effet, c’est un effort permanent qu’il ne faut relâcher sous peine d’entraver notre écoute effective de l’usager et par conséquent notre compréhension.

Mais, cette acceptation de l’Autre, l’ouverture à l’Autre, qui est le premier pas à effectuer, ne permet pas à l’écoutant de vérifier qu’il a effectivement compris ce qu’a dit et voulu dire l’usager. C’est via des interrogations non influentes que l’écoutant va pouvoir parvenir à cela ; autrement dit, c’est usant de l’outil de reformulation. Outil qui, au-delà, témoignera à l’usager de l’écoute profonde et sans jugement que lui porte l’écoutant. En effet, Alain Bouthier, Directeur et médiateur du Centre P.E.M, usant de l’outil de reformulation lors d’un entretien, a souligné le fait que cet outil n’est pas une remise en cause mais un questionnement au fond de la grille de l’Autre. Car, comme nous avons pu le voir, nous possédons chacun une grille singulière.

Aussi, la reformulation va consister à appréhender la grille de l’usager afin de mieux le comprendre.

Mais, comment mettre en œuvre cet outil de reformulation ?

2) Les différentes manières de parler l’écoute et leurs effets

Comme tout outil, celui de la reformulation doit être adapté à différentes situations et, au-delà, être varié afin d’éviter toute lourdeur dans l’échange. Ainsi, la reformulation connaît différentes formes qui ont chacune leurs buts et leurs effets.

Tout d’abord, la reformulation écho. Celle-ci consiste à reprendre sous forme interrogative un ou les derniers mots importants de l’usager. Ainsi, lors d’un entretien, une dame parlant de son ex-conjoint nous dit : « de toute façon il ne changera pas ». Aussi, nous l’interrogeons via une reformulation écho : « il ne changera pas ? ». Ceci permet alors à l’usager de « poser des choses », d’approfondir. Ainsi, l’écoutant va pouvoir recueillir des explications, des précisions, clarification, engendrant une meilleure compréhension de l’usager, nourrissant sa réflexion et lui permettant ainsi de mieux pouvoir aider l’usager.

Une autre reformulation est la reformulation miroir qui consiste à répéter ce que vient de dire l’usager. Nous noterons que peut être également renvoyée, par l’effet miroir, la dimension non-verbale que l’usager exprime, cette dimension, rappelons-le, étant tout aussi importante que la dimension verbale pour la compréhension. Cette reformulation permet de mettre la personne face à ce qu’elle exprime, de réveiller des nuances, mettre en avant des contradictions. Effet miroir qui va pouvoir permettre à cet usager d’élaborer. A ce titre, nous avons effectué une telle reformulation lors d’un entretien avec un Monsieur, qui bouleversé par sa situation, énonçait un discours totalement décousu et surtout en continuelles contradictions. Ainsi, par exemple, il a pu insister, en parlant de la mère de ses enfants, sur : « je veux qu’elle revienne » puis dire, plus loin : « je ne veux pas qu’elle revienne, si elle revient je ne la laisserai pas rentrer ». Via cet outil, en répétant mot pour mot ses dires et en mettant en avant ses contradictions nous avons réussi à les lui faire entendre. Ainsi, il a pu reposer ses propos de manière plus cohérente et les a même clarifié et approfondi.

Egalement dans le cas où le discours de l’usager est décousu, ce que nous rencontrons alors fréquemment, les usagers faisant part de situations délicates, qui les bouleverse, l’écoutant va, suite à un très important travail d’écoute, tenter de concentrer ce que vient de dire l’usager, sans le modifier. Il s’agit là de la reformulation résumé, par laquelle l’écoutant va user de formules telles que : « en résumé, vous pensez que... », « vous voulez donc dire que... ».

Nous remarquerons que lors de tels entretiens au sein du Centre P.E.M, nous demandons à l’usager d’opérer lui-même un récapitulatif de ce qu’il vient de dire afin de l’inciter à remettre lui-même de l’ordre dans les dires posés. Néanmoins, lorsque cela s’avère vain, du fait d’une affectation profonde de la personne, nous lui soumettons un résumé de ses dires. Dans ce cas, nous lui demanderons si c’est bien cela qu’elle a voulu exactement dire, lui permettant de modifier, compléter, clarifier, même si le risque existe toujours que l’usager réponde par l’affirmative pour aller plus vite alors que ce n’est pas exactement ce qu’il a voulu faire passer.

La reformulation recentrage met, elle, l'accent sur ce qui est le plus important au sens de l’écoutant. Ainsi, lors d’un entretien avec un papa, le médiateur du Centre P.E.M, Alain Bouthier, a pu recentrer le discours de celui-ci énonçant: « dans ce récit je la perçois dans la dureté, qu’en est-il plus précisément de cet aspect ? ». Ladite reformulation permet alors d’approfondir un point, et d’éviter l’éparpillement pouvant conduire à un flou et noyer la compréhension.

La reformulation transformation traduit et transforme volontairement les propos de l’usager, sans les interpréter. Ainsi, l’écoutant use des expressions telles que: « autrement dit… », « cela revient à... ». Cela permet alors de donner à l’usager un autre point de vue, une autre lecture, et pouvoir lui « ouvrir les yeux » sur ses dires. Nous avons alors mis en œuvre ce type de reformulation lors d’un entretien avec un usager qui, totalement bouleversé par sa situation, présentait une « réaction de seuil » -ses sentiments l’emportaient sur la raison et l’enfermaient, de sorte qu’il refusait d’entendre l’extérieur-, afin de désenclaver la situation. Ainsi, lorsque dans un discours décousu, contradictoire et immergé par les émotions, celui-ci nous dit, en parlant de sa femme, : « elle reviendra d’elle-même », nous lui répondons : «cela reviendrait à dire que rien ne servirait d’agir, est-ce bien cela ? », de sorte qu’il ait pu s’ouvrir et reconsidérer ses dires vers une optique dynamique.

La reformulation stratégique consiste à modifier un élément de la phrase de l’usager dans un but orienté solution, par exemple pour pointer les opérateurs modaux. Ainsi, lors d’un entretien avec une maman et un papa, ce dernier fait part : « Nous devons mettre en place la résidence alternée pour notre fille ». Ce à quoi le médiateur répond : « si je comprend bien, vous souhaitez mettre en place la résidence alternée pour votre fille ? ». Il nous confirme alors qu’il s’agit d’un souhait et nous explique pourquoi. Cela permet alors de reconsidérer la limite d’action du sujet ; d’ouvrir sur un plus grand champ d’action.

Car trop de reformulations sous de telles formes alourdiraient l’échange et pourraient le rendre superficiel, une autre forme de reformulation est mise en œuvre par l’équipe du Centre P.E.M : la reformulation silencieuse. Celle-ci consiste à émettre un signal (regards, gestes…) indiquant que nous avons bien intégré les dires. Elle peut avoir deux finalités. Par exemple, lorsque les dires ne posent pas de problème de compréhension, la reformulation silencieuse permet de témoigner de notre écoute à l’usager. Par ailleurs, la reformulation silencieuse peut se faire à travers des signaux (regards, gestes…) interrogateurs -du fait d’une contradiction ou autre-. Elle permettra ainsi à la personne d’approfondir ce qu’elle a dit et voulu dire.

En outre, la médiation familiale s’opérant souvent en présence des deux parties au conflit ou mésentente, le Centre P.E.M joue, lors de tels entretiens, d’une autre forme de reformulation. Ainsi, lors d’un entretien avec un ex-couple lié par un enfant, la demoiselle dit une phrase ambigüe : « de toute façon il est comme ça ». Alain Bouthier se tourne vers le jeune homme lui demandant : « comprenez vous ce que Madame veut dire par « de toute façon il est comme ça » ? » Le jeune homme haussant les épaules sans dire mot, Alain Bouthier lui demande : « que comprenez-vous ? » N’arrivant toujours pas à répondre, Alain Bouthier interroge alors la demoiselle : « vous avez dit : « de toute façon il est comme ça », Monsieur ne semble pas comprendre, [avec indication par des signaux du fait que nous non plus ne comprenons pas], qu’entendez-vous par là ? ». C’est ainsi qu’elle explique, précise ce qu’elle a voulu dire, et les deux usagers échanges alors sur le sujet.

Ainsi, le médiateur passe par l’usager concerné par les dires de l’autre partie pour mettre en œuvre la reformulation. Nous remarquerons que lors du débriefing dudit entretien, Alain Bouthier nous a fait part de l’autre orientation de la reformulation qui aurait pu être mise en œuvre. Celle-ci consistait à interroger en premier lieu la demoiselle sur ses dires en lui demandant ce qu’elle entendait par là. Et, une fois des explications et clarifications données par celle-ci, demander au jeune homme s’il entendait cela, s’il avait compris cela et ce qu’il en pensait. Dans les deux cas, le médiateur mêle les deux parties au processus de compréhension. En effet, rappelons qu’en médiation familiale les usagers sont acteurs dans la résolution du conflit qui existe entre eux et qui est bien souvent dû à de l’incompréhension de l’Autre. Ainsi, il est primordial de les mêler à ce processus de compréhension.

Ainsi, la reformulation qui, quelque soit ses formes, témoigne d’une écoute active de l’usager combinant, selon C. Rogers, acceptation inconditionnelle de l’Autre, neutralité bienveillante, authenticité et empathie, permet de réduire les mécanismes de défense de l’usager et l’incite à développer ses pensées, émotions, perceptions .
L’écoutant en médiation qui, via la reformulation, a pu vérifier l’adéquation de la parole et de l’écoute et a permit un approfondissement, développement des pensées et ressentis de l’usager apprivoise une meilleure compréhension. Celle-ci même qui nourrit sa réflexion et lui permet d’apporter une aide effective à l’usager.
Soulignons aussi que l’entretien en médiation familiale, réunissant souvent les deux parties au conflit, et les mêlant dans le processus de compréhension, permet à chacun d’écouter l’Autre dans le respect et ainsi d’accéder à lui, mieux le comprendre. Ce qui permet alors de désamorcer le conflit dont la source réside souvent dans l’incompréhension de l’Autre.
Cependant, cet outil de la reformulation n’est pas sans limites.

B) Les limites de la reformulation

Cet outil qui n’échappe pas à la limite de toute écoute (1) détient également une limite dangereuse qui lui est propre (2).

1) Une sélection inévitable mais vérifiable

Comme toute écoute, l’écoute compréhensive permise par la reformulation est sélective. En effet, en témoigne notamment la forme de reformulation recentrage. Ainsi, comme nous avons pu le voir, la reformulation recentrage consiste à mettre l’accent sur ce qui paraît le plus important aux yeux de l’écoutant. Il s’agit donc là d’une sélection manifeste de l’écoutant. En réalité, toute reformulation est sélective. En effet, l’écoutant ne peut pas tout reformuler sans cesse. Aussi, il apparaît que celui-ci sélectionne. Néanmoins, grâce à la reformulation, ladite sélection est mise face à l’usager. Ainsi, il peut la vérifier, la compléter et la clarifier, ainsi que souligner des éléments qui sont pour lui plus importants.
Cette limite de sélection, à laquelle la reformulation n’échappe pas, est donc cependant atténuée par ledit outil.
Cependant, la reformulation connaît une autre limite qui lui est propre et qui s’avère dangereuse.

2) Une technicité dangereuse , à pallier

Afin de mettre à distance nos références subjectives et accéder au plus près de l’usager, nous utilisons l’outil de la reformulation qui, pour servir ces finalités, est dotée d’une certaine technicité. Or, trop de technicité inhibe l’implication et laisse place à la froideur, tandis que le milieu du social nécessite implication et chaleur humaine. Il faut alors trouver la juste mesure. Mais la part d’implication ne rappelle-t-elle pas la subjectivité de l’écoutant ?

Tiraillée par cette problématique que j’ai pu déceler en posant les mots sur le thème de la reformulation, j’ai demandé à mon maître de stage comment il procédait. Il a souligné le fait que l’implication était importante et m’a indiqué ses appuis pour éviter de dériver vers trop de subjectivité tout en s’impliquant.
Ainsi, il a mis l’accent sur le fait que l’essence de la médiation familiale réside dans l’intérêt de l’Enfant, de sorte qu’il soit la référence permanente, étayée par des aspects scientifiques, des auteurs et professionnels spécialisés. Cette-dite référence permet alors une implication entière vers le sujet central et primordial qu’est l’Enfant, sans toutefois que la subjectivité ne prenne le pas.

Du reste, le Centre P.E.M prône la notion d’équipe et toute la multidisciplinarité, complémentarité ; richesse qu’elle engendre. Ainsi, prégnante au sein de la structure, le médiateur opère entouré d’une équipe qui permet un partage des points de vue et évite des dérives vers trop de subjectivité.
Ainsi, des entretiens dans un climat chaleureux, avec une reformulation qui n’inhibe pas l’implication.

Lorsque j’ai découvert l’outil de la reformulation, cela paraissait pour moi une évidence ; elle était l’outil qui allait permettre de comprendre au mieux l’usager, mettant à l’écart l’interprétation subjective.
Cependant, en posant les mots sur celle-ci, à l’occasion de ce dossier, il s’est avéré que les choses étaient plus complexes. En effet, nous sommes humains ; nous sommes subjectifs, et lorsque nous éloignons cette subjectivité par trop de technicité nous laissons place à la froideur. Or, il ne faut pas oublier que le social se centre sur l’Humain ; un métier du social qui exercerait sans chaleur humaine ne serait plus un métier du social.

Ainsi, si la reformulation est un outil très intéressant pour être au plus proche de l’usager, atteindre un compréhension des plus effectives, celle-ci ne doit pas être enfermée par la technicité mais doit susciter des réflexions et aménagements humanisées de la part des professionnels. La mise en pratique, lors de mon stage, m’a énormément apporté pour mettre en œuvre la reformulation, dans des moments adéquats, sous des formes adaptées, ainsi que pour trouver des aides tendant à pallier à ses limites trop dangereuses.

Lucie SEGALA
L3 AES DS
2009-2010


Bibliographie

Cours :

Cours de méthodologie de Madame Annelise FAVIER

Ouvrages :

ABRIC J-C., Psychologie de la communication Théories et méthodes, collection Cursus psychologie, éditions Armand Colin, 3ème édition

BOURDIEU P., Ce que parler veut dire, Fayard, 1982

BRETON P., Eloge de la parole, Editions la Découverte, 2003

MUCCHIELLI R., L’entretien de face à face dans la relation d’aide, Les éditions sociales françaises, 1966

Revues :

Revue APMF, Ecrits et manuscrits de la médiation familiale, n°13, médiation familiale et éthique de la pratique Numéro 2, septembre 2008.

Sites :

http://www.civam.org/IMG/pdf/Communication3.pdf

http://www.levangelisation.com/IMG/pdf_La_communication.pdf

http://www.maieusthesie.com/nouveautes/article/reformulation.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Langage

http://fr.wikipedia.org/wiki/Parole




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